« Sombres nouvelles dans le monde des médias.
L'annonce d'importantes compression budgétaires à TVA, hier, a frappé notre petit écosystème de plein fouet.
J'ai d'abord eu le coeur retourné par l'angoisse qu'allaient traverser les centaines d'employés touchés.
Perdre un job, c'est la peur de la précarité, mais c'est aussi une partie de son identité qui est amputée.
Le "sens" que donne à nos vies le travail qu'on aime est certainement aussi important que le salaire qu'il produit.
C'est cette question du "sens" qui m'obsède ce matin.
Pour tous mes amis qui perdent leurs emplois et se réveillent désarçonnés et pour nous tous qui nous faisons tranquillement à l'idée que l'information de qualité ou le travail de création n'a pas vraiment de valeur!
L'information dans les grands médias est de plus en plus souvent une "commodité" comme on dit dans l'univers de la finance.
Ça se mesure au poids.
Un dix minutes de contenus s'achète plus ou moins en vrac.
Un kilo de boeuf haché, gras, ou un kilo de boeuf wagyu, même affaire. Ça se pèse au kilo.
Ce n'est pas un jugement rendu à l'endroit de la profession mais davantage la constatation d'une tendance lourde.
Faire l'inventaire des exceptions revient à se réjouir de la qualité des musiciens qui continuent à jouer alors que le Titanic est en train de sombrer!
Une culture locale forte, une culture de l'information forte constituent des clés de voûte essentielles au maintien de nos vies citoyennes, et donc par extension "au sens" que nous donnons à nos existences.
Le confort et l'indifférence est un choix possible, une forme neurasthénique de la quête de "sens".
Je nous souhaite collectivement plus d'ambition.
Les difficiles arbitrages faits par TVA hier ne sont que le symptôme avancé d'un modèle totalement gangrené.
Une fois nos larmes de sympathie séchées, que serons prêts à faire -payer-, chacun à la hauteur de nos vies, pour protéger les outils de notre souveraineté intellectuelle et citoyenne?
L'effondrement d'un monde ne peut pas toujours être la faute des autres. »