« Sur les menaces de mort à mon endroit et le respect de ma vie privée
Hier, comme toute la semaine dernière, j'ai tenté de continuer mon travail normalement malgré les événements récents difficiles pour ma famille et moi. C'était une semaine politique importante avec un budget et une rencontre entre les PM du Québec et du Canada. Je crois avoir assumé mes responsabilités au mieux de mes capacités dans les circonstances de menaces de mort qui ont eu lieu le 4 mars dernier. Lors du point de presse d'hier midi sur le redécoupage électoral, j'ai dû donner une déclaration sur cet événement, car l'information était devenue publique, sans que je sache toujours aujourd'hui d'où provient cette fuite. Les journalistes présents ont été informés par mon équipe que je ne voulais pas aborder la question des menaces que j'ai reçues, car c'était toujours très difficile pour ma famille et que je n'étais pas en mesure d'ajouter quoi que ce soit. Ils l'ont fait pareil, sans égard à ma situation. Dans ma réponse initiale, je suis devenu très émotif et je n'ai pas été capable de finir ma phrase. J'ai donc pris un moment hors caméra et j'ai demandé aux journalistes de me laisser reprendre la réponse calmement, ce qui fut fait.
Nous nous sommes explicitement entendus avec les journalistes que serait retenue seulement ma deuxième réponse où j'ai réussi à finir mes phrases, de sorte à ce que je n'aie pas à exposer à 9 millions de Québécois la détresse que ces menaces ont pu causer à ma famille et moi. Je leur ai dit que c'était ma vie privée et que c'était déjà assez difficile comme ça, ils m'ont dit qu'ils comprenaient. Cette demande n'était pas pour contrôler l'information (ma première déclaration que je n'ai pas réussi à terminer était identique à la deuxième), mais pour me permettre de ne pas avoir à étaler devant tout le Québec, l'aspect émotif et personnel de cette épreuve, de conserver une certaine pudeur, un espace privé dans lequel cheminer. De pouvoir, malgré le fait que je sois un personnage public, prendre le temps qu'il me faut pour gérer ces émotions vis-à-vis des événements qui touchent également ma femme, et mes trois jeunes enfants.
Je suis déçu de voir que ceci n'ait pas été respecté. Non seulement les journalistes présents n'ont pas respecté notre entente verbale, certains d'entre eux ont même ajouté dans leur reportage des images de lorsque que je me suis retiré des caméras pour reprendre mon sang-froid, histoire de rendre leur topo encore plus sensationnaliste. Je veux aujourd'hui dénoncer le fait que malgré la nature exigeante et publique de la politique, les cotes d'écoute et les clics ne devraient pas primer sur les notions de civisme et de respect des limites humaines des gens qui consacrent leur vie au service public. Lorsque les questions portent sur les affaires de l'État ou les deniers publics, bien sûr que le travail des journalistes est de maintenir la pression pour obtenir la vérité, coûte que coûte. Mais lorsqu'il s'agit de la vie privée des élus, il devrait y avoir un peu plus de considération pour le fait que 95 % de notre vie est déjà sur la place publique, 7 jours sur 7, 365 jours par année.
Je ne crois donc pas que qui que ce soit à ce point de presse avait l'obligation d'exposer à 9 millions de Québécois l'angoisse que ces menaces ont pu nous causer. C'est un manque de sensibilité, de respect de ma vie privée, un manque d'éthique, mais surtout un grand manque d'humanité, que je ne croyais pas possible en politique, au Québec. Les journalistes auraient pu simplement s'assurer que mes déclarations soient relayées au grand public, sans pour autant faire du sensationnalisme sur le dos de ce que ma famille et moi vivons. J'en suis profondément déçu et j'espère qu'au Québec, nous réussirons à emprunter une avenue plus respectueuse de la sphère privée. »
Les menaces de mort n'ont vraiment pas leur place en société. Nous sommes de tout coeur avec Monsieur St-Pierre Plamondon.